Le droit à l'indignation

Ce journal a pour vocation de combattre la résignation et de proclamer le droit à une saine indignation. Inutile peut-être, mais néanmoins nécessaire, pour ne pas se laisser happer par ce que l'on veut nous présenter comme normal, pour résister, par le verbe seul, à la fatigue de la langue et des mots. Ce lieu n'est pas celui des propositions constructives, mais de la rhétorique, parfois enflammée, parfois facile, toujours sincère; le lieu de la colère, qui ouvre le débat au lieu de l'enterrer. Indignons-nous, mes amis, utilisons ce droit qui ne coûte rien et que personne, pour l'instant, ne peut nous retirer!

lundi 28 mars 2011

Actu Express


-       Actu Express j’écoute?
-       Bonjour, Madame.
-       Bonjour Monsieur. En quoi peut-on vous être utiles aujourd’hui?
-       Alors voilà, j’aurais besoin d’une catastrophe.
-       Quelle taille?
-       Maxi s’il vous plaît.
-       Naturelle ou pas?
-       Hum… Je ne sais pas, dites-moi ce que vous avez.
-    Nous avons différentes formules à vous proposer. La formule “11 septembre” est malheureusement indisponible, on est en train de retravailler un peu la recette.
-       C’est dommage.
-       Oui, mais les clients n’étaient plus très satisfaits, alors on s’adapte. Je vous propose donc un “Tchernobyl 1986,” ou alors un “Tsunami 2004”, ou encore un “Haïti 2010.” Ce sont toutes des maxi, effet garanti.
-       Et, c’est possible d’avoir un peu des trois ?
-       Mais bien sûr, Monsieur, on peut tout à fait panacher. L’effet sera d’autant plus grand. En ce qui concerne la localisation ?
-       Il faudrait que ce soit dans un pays très développé. Ces choses-là, quand ça arrive chez les pauvres, les gens versent une petite larme mais ils n’ont pas vraiment peur. Non, là il nous faut de la frousse, de la vraie, de l’ambiance fin du monde, si vous voyez ce que je veux dire. Donc il faut que ça arrive dans un pays très technologique, très avancé, vous voyez le genre.
-       Tout à fait, Monsieur.
-       Et cette fois, pas de blagues, faut que ça marche. C’est un peu votre faute tout ça.
-       Mais, Monsieur…
-       Si, si, vous nous avez bien eus avec vos révolutions arabes, là. On pensait qu’ils allaient mettre des bombes partout, qu’on allait voir plein de femmes voilées et des barbus à l’air méchant. Résultat : démocratie, liberté, et tout le tremblement. Vous avez failli nous créer une grosse vague d’espoir avec vos conneries. Donc là il me faut quelque chose pour faire oublier toute ça.
-       Qu’est-ce que vous pensez du Japon ?
-       Du Japon ?
-       Oui, pour votre maxi cata.
-       C’est possible, ça, vraiment ?
-       Mais bien sûr.
-       Ah oui, alors, le Japon c’est parfait, en plus on va pouvoir en rajouter une couche sur le stoïcisme du peuple japonais, les gens vont les admirer, en même temps ils vont avoir peur, on pourra ressortir les samurai, les rituels de la société japonaise, les gens qui se font hara-kiri, c’est très bien, ça.
-       Donc c’est d’accord ?
-       Oui, c’est d’accord. Ah, et sur le nucléaire, allez-y mollo quand même. C’est toujours à double tranchant ces affaires-là.
-       Bien Monsieur. Ce sera tout ?
-       Oui, merci, ça devrait nous occuper un moment.
-       Très bien, bonne soirée.
-       Bonne soirée à vous.

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